Depuis septembre 2017, le processus de concertation des Assises de la mobilité a en particulier permis de mettre l’accent sur la nécessité de développer les modes de déplacement dits « actifs », dont le vélo.
La part modale du vélo dans nos déplacements reste globalement faible:
France | 3 % |
Allemagne | 10 % |
Pays-Bas | 28 % |
Moyenne européenne | 7 % |
En 1970, 10 % des déplacements domicile-travail en France se faisaient à vélo, en 2018, il n’y en a plus que 2 %. Mais dans certaines villes dont Strasbourg la part modale du vélo est supérieure à 10 %.
Le plan vélo (dont le nom complet est « plan vélo et mobilités actives ») qui a été présenté le 14 septembre 2018 par Edouard Philippe, Premier Ministre, François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire et Elisabeth Borne, ministre en charge des transports, vise à tripler la part modale du vélo (soit la porter à 9 %) en 2024.
Les déplacements à vélo offrent cependant de nombreux avantages:
- donner une occasion de pratiquer une activité physique chaque jour, et donc de réduire certains risques liés à la santé
- améliorer la qualité de l’air, le CO2 émis se limite à celui émis par le cycliste
- rendre les villes plus attractives, en dégageant une partie de l’espace public de l’emprise des voitures et en offrant une alternative intéressante au déplacement en voiture, y compris en termes de temps de parcours
- diminuer le coût des déplacements de courte distance (voiture = 0,40 EUR / km en intégrant l’ensemble des coûts, transports en commun = 0,45 EUR / km)
- favoriser l’emploi (aujourd’hui, le nombre d’emplois liés au vélo en France serait déjà de 35 000)
S’il y a tant d’avantages, pourquoi le vélo n’est-il pas plus utilisé en France ? pour plusieurs raisons, dont
- les infrastructures, en nombre insuffisant et présentant des discontinuités.
Il suffit de citer sur notre territoire:- la rue Général Valérie André entre le site du tramway T6 et le rond-point du Val de Grâce
- le carrefour de l’avenue Breguet et la rue Sadi Lecointe où la voie verte du tramway T6 se termine brusquement
- l’avenue de Villacoublay entre Clamart et Meudon à l’autre extrémité de la voie verte du tramway T6
- la liaison entre le secteur PSA / L’Usine Mode & Maison et le Petit Clamart
- les vols de vélo (estimés à 300 000 par an)
- les textes officiels, législation et réglementation, par exemple le droit fiscal
- l’absence de considération pour le vélo en tant que moyen de transport
Que faire pour améliorer la situation ?
4 axes sont mis en avant par le gouvernement:
- le développement des infrastructures et la sécurité routière
- la lutte contre le vol des vélos
- la mise en place d’un cadre incitatif
- le développement d’une culture vélo
mais ce plan n’atteindra pas son but sans la collaboration des collectivités locales, des employeurs, des entreprises de la filière vélo, des associations de cyclistes. Il faudra donc que ce plan soit transcrit au niveau local.
Axe 1 – le développement des infrastructures et la sécurité routière
- création d’un fonds doté de 350 M EUR pour la mise en place d’axes vélo structurants. Une attention particulière sera portée à la réduction des coupures liées aux infrastructures (autoroutes, voies ferrées, …)
- obligation au niveau local de définir une planification des réseaux « modes actifs »
- modification de la définition de la voie verte, en intégrant l’ouverture aux véhicules d’exploitation ou de service, par exemple les véhicules VNF le long des cours d’eau, ou les véhicules ONF en forêt
- renforcement de la sécurité des piétons et des cyclistes: suppression progressive des stationnements des véhicules motorisés 5 m avant un passage piétons, généralisation progressive des sas vélos avant les feux tricolores, développement des doubles sens cyclables, élargissement de la réglementation concernant l’éclairage des vélos et des cyclistes eux-mêmes, mise en place de dispositifs de détection dans les angles morts sur les poids lourds et les bus
Axe 2 – la lutte contre le vol des vélos
- généralisation du marquage des vélos par un dispositif agréé (Bicycode ou autre) à la mise en vente (neuf ou occasion) par des vendeurs professionnels. Rappelons en passant qu’il existe de nombreuses possibilités de faire marquer son vélo, en particulier via le système Bicycode, à l’occasion d’événements organisés par des collectivités locales, des associations, … le tout pour un coût réduit voire nul
- mise en place d’un plan d’action pour lutter contre le vol des vélos, basé en particulier sur l’accès aux fichiers de marquage par les forces de police et de gendarmerie, faciliter le dépôt de plainte, améliorer le suivi statistique, …
- développement des stationnements sécurisés dans les gares et autres pôles de transport. En Ile-de-France, ce sont les consignes Véligo (dans leur version sécurisée), mais celles-ci ne peuvent être utilisées que via un abonnement dans la consigne choisie
- développement des stationnements vélo dans les bâtiments d’habitation, tertiaires, … neufs ou existants
Axe 3 – la mise en place d’un cadre incitatif
La principale incitation financière disponible jusqu’à maintenant est l’IKV, indemnité kilométrique vélo, soit 0,25 EUR par km parcouru entre la résidence habituelle d’un salarié et son lieu de travail. Cette indemnité est non imposée, non chargée en cotisations sociales, jusqu’à 200 EUR par an.
- mise en place facultative du forfait mobilité durable, jusqu’à 400 EUR par an en franchise d’impôt et de cotisations sociales. L’objectif est d’atteindre un taux de diffusion similaire à celui rencontré en Belgique, soit 80 % des entreprises
- introduction du vélo dans les barêmes kilométriques fiscaux (utilisés pour le remboursement des frais liés aux déplacements professionnels effectués avec un vélo personnel)
- soutien à l’achat de vélos à assistance électrique (VAE), modalités définies dans un arrêté attendu en octobre 2018
- soutien à la mise en place de flottes de vélos par les entreprises dans le cadre des déplacements domicile-travail
- publication d’une norme NF pour les vélos utilitaires (utilisés dans le cadre de services logistiques, vélos-cargos, ou tri-/quadricycles dans le cadre de services de transport de voyageurs)
Axe 4 – le développement d’une culture vélo
- développement de l’apprentissage du vélo en milieu scolaire
- mise en place des plans de mobilité scolaires, avec développement des dispositifs de type « pédibus » ou « vélobus »
- intégration du développement des mobilités actives dans une stratégie nationale sport-santé
- inclusion des nouvelles mobilités par la possibilité pour les collectivités locales d’encadrer la mise en place de vélos, scooters ou trottinettes en libre-service, sans station (free floating)
- développement de l’ouverture des données relatives à l’utilisation du vélo et à la présence des services associés
Vous pouvez retrouver ci-dessous:
- le dossier de presse du gouvernement
Source: https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2018/09/dossier_de_presse_-_plan_velo_-_vendredi_14_septembre_2018.pdf - le discours du Premier Ministre, prononcé le 14 septembre à Angers à l’occasion de la présentation du plan
Source: https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2018/09/discours_de_m._edouard_philippe_premier_ministre_-_presentation_du_plan_velo_-_angers_-_14.09.2018.pdf